UN NOUVEAU CLASSIQUE CANADIEN: RÉFLEXIONS SUR LE GRAND PRIX CYCLISTE DE GATINEAU
Par Chris Reid, directeur exécutif du National Cycling Institute de Milton et président du conseil d’administration de l’OCA
Cette année aurait marqué la 11e édition de la course sur route du Grand Prix Cycliste de Gatineau et du Chrono de Gatineau.
C’est une course qui occupe une place spéciale dans mon cœur pour une multitude de raisons – la principale étant le fait que j’ai vécu directement sur le parcours pendant près d’une décennie. J’y ai été directeur pour deux équipes différentes, je l’ai regardé en tant que fan et j’ai même participé au contre-la-montre masculin lors de la première édition. Le parcours traverse le parc de la Gatineau, un joyau du cyclisme sur route canadien et certainement une des meilleures choses que la région de la capitale nationale ait à offrir.
Les efforts déployés par la communauté cycliste locale d’Ottawa pour sauver la course cette année témoignent de la place qu’elle occupe dans le cœur des cyclistes canadiens – le GP est une intersection entre la scène mondiale et la passion de la communauté cycliste florissante de la région de la capitale nationale.
Les événements à Gatineau sont apparus pour la première fois sur le calendrier national en même temps que plusieurs autres courses féminines prenaient fin – le Tour de l’Île-du-Prince-Édouard et le Tour de Montréal. Ces deux courses par étapes avaient permis à une génération de coureuses canadiennes de se développer et de briller sur la scène internationale, et le week-end de Gatineau a contribué à perpétuer cet héritage.
Au fil des ans, plusieurs des meilleures coureuses féminines au monde ont disputé le GP et le Chrono Gatineau, dont plusieurs championnes du monde. Les Canadiennes ont prospéré sur cette scène avec quatre des dix éditions remportées par des Canadiennes, dont l’édition 2019 remportée par la seule double championne, Leah Kirchmann.
Une seule Canadienne a réussi à remporter le Chrono Gatineau et c’est l’icône sportive canadienne Clara Hughes qui a remporté les deuxième et troisième éditions. La présence de Hughes au cours de ces années a attiré l’attention de la communauté en général, et ce faisant, a permis à l’événement de devenir plus connu. En tant qu’une des olympiennes les plus admirées au pays, elle a attiré l’attention sur des événements qui ont transcendé les courses de vélo.
Durant ces premières années, les fans qui bordaient le viaduc du Lac-des-Fées ont donné une ambiance électrique à l’événement. Alors que la personne moyenne ne connaissait peut-être pas grand-chose au cyclisme international ou aux autres participantes, le succès olympique de Hughes a aidé à donner de la crédibilité à l’événement au sein de la communauté.
Si ces événements ont une valeur, elle se situe quelque part là-dedans; en rapprochant la scène internationale à la communauté cycliste florissante et en incitant les olympiens à inspirer les amateurs de sport afin qu’ils deviennent des fans de cyclisme. Du point de vue du développement, l’importance des événements nationaux est un calcul simple – le nombre de Canadiennes qui ont acquis une expérience internationale lors de ces événements est beaucoup plus élevé que ce qu’elles peuvent obtenir en voyageant à l’étranger pour acquérir la même expérience. Pour bon nombre de Canadiennes qui participent à cette course, c’est un avantage de pouvoir courir à la maison et de voir leurs amis et leur famille sur le parcours alors qu’elles affrontent les meilleures au monde.
Sur mon ordinateur, j’ai toujours une photo qui a été prise par ma femme, qui était à l’époque l’entraîneuse des jeunes du Ottawa Bicycle Club, lors des premières années de la course. La photo met en vedette une autre grande légende du cyclisme canadien, la triple championne du monde et médaillée de bronze olympique Tara Whitten, se tenant avec deux enfants du Ottawa Bicycle Club qui sont venus regarder, encourager et rencontrer leurs idoles.
L’an dernier, l’une des deux jeunes sur cette photo, Ariane Bonhomme, maintenant elle-même membre de l’équipe nationale sur piste, a sprinté pour prendre la 4e place. Ce jour-là, tout au long du parcours, on pouvait voir des jeunes du Ottawa Bicycle Club.
Là, en deux images, à une décennie d’intervalle, on voit le pouvoir et la beauté d’organiser nos propres événements. Des événements totalement canadiens. Ils ont le pouvoir d’inspirer et d’offrir des opportunités à celles qui ont été inspirées de briller. Les jeunes femmes peuvent regarder, idolâtrer et puis elles-mêmes réussir et, ce faisant, inspirer la prochaine génération.
*Le Tour de Gatineau & le Chrono Féminin de Gatineau, prévus pour le mois de juin, ont été reportés. Pour une liste complète des événements annulés et reportés, cliquez ici.