QUE SERIEZ-VOUS PRÊT À FAIRE POUR REDONNER?
Par Ed Veal, pilote de paracyclisme et fondateur de Real Deal Racing
Qu’est-ce qui pourrait vous faire parcourir 300 km à vélo en une journée? Combien sont allés aussi loin sur leur vélo et, si c’est le cas, qu’est-ce qui vous a poussé à le faire? J’essaie toujours de comprendre pourquoi je fais ce que je fais et pourquoi les autres font ce qu’ils font. Je trouve ça fascinant. Le défi sur le plan physique est une chose, mais cela ne me suffit pas. C’est toujours le défi psychologique qui me pousse à en vouloir plus. La raison pour laquelle vous faites certaines choses peut changer, mais c’est incroyable ce que vous pouvez accomplir si vous y croyez suffisamment. Je crois en ce sport. J’aime le cyclisme. Cela continue d’ajouter de la joie et un objectif et je suis reconnaissant chaque jour que le cyclisme fasse partie de ma vie.
Dès que j’ai prononcé les mots, j’ai réalisé l’ampleur de mon engagement. En échangeant des SMS avec le conseil d’administration du vélodrome de Forest City, j’ai mentionné que je roulerais 300 km par jour, tous les jours, jusqu’à la fin du mois de septembre, afin d’aider à sauver l’installation. Mon objectif était d’amasser des fonds pour assurer la survie de cette superbe petite piste de London, en Ontario. Comme vous le savez tous, la pandémie de COVID-19 a été difficile. Nous sommes tous affectés – de nombreuses petites entreprises, y compris les gymnases et les centres de conditionnement physique, ont été secouées en raison des restrictions et/ou de l’obligation de fermer temporairement leurs portes. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour redonner vie au vélodrome de Forest City grâce à l’initiative Real Deal 24 Hour Track Attack. Nous avons nettoyé, poli, peint, puis fait la fête. Ce fut un immense succès; un nouveau système de chauffage a été installé, de nouveaux événements ont eu lieu, le nombre d’adhésions a augmenté et la fierté a été rétablie.
Tout semblait bien aller jusqu’à ce que ce ne soit pas le cas. Quand j’ai entendu le rapport financier dans une de nos réunions du conseil d’administration, je suis devenu très triste. Puis, je l’ai dit : « Je vais parcourir 300 km à vélo chaque jour jusqu’à ce que nous amassions suffisamment d’argent pour payer les factures. » Je n’avais pas les moyens d’écrire un chèque pour couvrir les frais, mais je pouvais utiliser un autre type de devise pour aider à faire ma part. Immédiatement, nous avons commencé à penser à un nom, un concept, une sorte de structure. Nous avions besoin d’un calendrier, d’un horaire, d’un plan. Tout s’est passé si vite. En raison de ces quelques mots, je consacrais maintenant toutes mes pensées et mon énergie à essayer de réaliser ce projet.
À peine quelques jours plus tard, le 11 septembre, le défi d’endurance Ride4Real afin de recueillir des fonds et de soutenir le vélodrome de Forest City, la société canadienne de la SP et le projet Real Hero a commencé. 300 km par jour jusqu’à… eh bien, nous verrions. Je n’avais vraiment aucune idée de combien de temps je pourrais tenir le coup, mais je me suis dit que j’essaierais de le faire jusqu’à la fin du mois. Dire cela à haute voix était un peu effrayant. 300 km par jour pendant 21 jours consécutifs. Je n’avais d’autre choix que d’adopter l’approche « allons-y un jour à la fois ». J’ai promis à tout le monde que je n’allais pas me blesser pour y parvenir. Nous savions tous que personne ne remarquerait le premier jour et nous savions que cela n’attirerait pas l’attention le deuxième ou le troisième jour non plus. Notre objectif était qu’au terme de la première semaine, les gens commenceraient peut-être à s’y intéresser. 300 km une fois, c’est difficile. 300 km pendant 7 jours d’affilée, 60 heures et 2100 km à vélo, c’est vraiment difficile. La plupart du temps, je passais entre 9 et 12 heures par jour sur mon vélo.
Régulièrement, je commençais avant 8 h et, en incluant les pauses pour manger et utiliser la toilette, je terminais après 22 h. Ensuite, je me lavais, j’allais au lit, puis tout était à recommencer le lendemain, tout en essayant de promouvoir le projet et de passer le mot. C’était plus qu’épuisant. Dès le début, les montagnes russes d’émotions battaient leur plein. Je pouvais être déprimé, grincheux, voire léthargique, puis je me mettais à rire et à sourire. Je me demandais si ce que je faisais était important. Est-ce que quelqu’un s’en soucie? Puis, nous recevions un beau message ou un don généreux qui signalait que tout cela valait la peine. Les messages de soutien et les dons très généreux étaient la seule chose qui me permettait de continuer. En fait, cela et les 10 000 calories de tout ce que je voulais manger toute la journée, tous les jours. Oui, il y avait certains avantages, et m’empiffrer à volonté en faisait partie. La facture d’épicerie était astronomique, tout comme la dépense calorique. Un carburant de bonne qualité (nourriture + amour et soutien) est ce qui a rendu cela possible.
Une autre chose qui m’a permis de relever ce défi est la gamme de vélos que j’ai eu la chance d’utiliser. J’avais besoin de variété afin d’avoir de nouveaux objectifs. Je roulais 150 km jusqu’au vélodrome à London, puis je parcourais le reste sur la piste. Utiliser un vélo couché a peut-être été la meilleure décision que j’ai jamais prise. Sérieusement, ce vélo m’a sauvé les fesses et le dos à de nombreuses reprises tout au long du défi. Il m’a aussi permis de reposer mes mains. Parmi toutes les parties de mon corps qui me faisaient mal (et j’avais mal partout), mes mains me faisaient le plus mal. J’ai même roulé avec le vélo couché en haut de la piste, sur la ligne jaune, en faisant des tours rapides au vélodrome. Je parcourais les sentiers sur mon vélo de montagne, puis je me précipitais chez moi pour parcourir le reste des kilomètres sur Zwift en compagnie d’un groupe rapide.
L’un des moments forts fut de me réunir avec mes copains de vélo à mains et d’aller rouler avec eux près du parcours du contre-la-montre du jeudi soir. Pour que cette incroyable balade se produise, j’ai dû rentrer chez moi par la suite et rouler jusqu’après minuit. Le septième jour, j’ai parcouru le trajet de 300 km jusqu’à Windsor. Quel plaisir de parcourir un trajet de 300 km du point A au point B! C’est un souvenir que je chérirai pour toujours. Du lever au coucher du soleil, puis parcourir ensuite 500 km avec Darcy Haggith d’Infinit Nutrition. La Rick Meloche Memorial Ride fut une aventure de 500 km qui a commencé à minuit le 18 septembre et s’est terminée vers minuit le lendemain. Cela peut paraître fou, mais nous sommes rentrés de Windsor en voiture le matin et, le lendemain, j’étais de retour en selle pour parcourir mes 300 km. C’est impossible de raconter toute l’aventure jour après jour, mais le 1er octobre, après 21 journées exténuantes, le projet Ride4Real était enfin terminé. C’était peut-être la fin pour moi, mais beaucoup d’autres personnes ont continué à participer et à relever leur propre défi Ride4Real individuellement et en équipe, essayant de réaliser leurs records personnels en termes de temps et de distance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce fut très inspirant et mon objectif est que cet événement prenne de l’envergure au cours des années à venir.
21 jours – 185 heures – 6300 km – plus de 200 000 calories et 13 500 $ amassés pour 3 causes très louables et méritoires.
La raison pour laquelle j’ai fait cela est ce sport et les gens qui y participent, en particulier les enfants. Le cyclisme a vraiment eu un impact positif sur ma vie et la personne que je suis. Il est entré dans ma vie quand j’en avais le plus besoin et je serai éternellement reconnaissant. Les installations de cyclisme partout au pays, comme le vélodrome de Forest City, ne sont pas légion et toutes les personnes qui assurent leur survie et le soutien de notre sport doivent être félicitées et chéries. Chaque coup de pédale aura valu la peine si cet endroit et ce sport peuvent affecter la vie d’autrui autant que la mienne. Merci à tous ceux qui redonnent et font leur part pour favoriser la croissance. Merci à toutes les personnes qui ont roulé pour soutenir l’événement et ont donné généreusement. Qui sait quel sera notre prochain projet, mais s’il peut changer les choses d’une manière ou d’une autre et aider notre sport, vous pouvez compter sur moi!