RETARDS DE PLUIE
Par Jenny Trew, entraîneure d’endurance sur piste NextGen avec Cyclisme Canada
Donc, rétrospectivement, en 2015, pas une seule personne n’a eu la bonne réponse à «Où vous voyez-vous dans 5 ans?»
Je pense que cela pourrait être l’un de mes memes préférés du moment, et on s’entend que les internets sont en feu récemment avec une grande sélection de blagues sur l’année 2020. Vaut mieux en rire qu’en pleurer.
Cette quarantaine est le grand retard de pluie de nos vies. Pour les coureurs hors-piste (ou les coureurs qui s’entraînent uniquement à Milton), un retard de pluie se produit lorsqu’une piste doit être fermée à cause de la pluie/eau. J’ai vu ces retards sous plusieurs formes:
1) Le plus populaire: en raison de la pluie tombant du ciel – toutes les pistes extérieures ont connu ceci
2) En raison de la saison – une piste mouillée en raison de la température tombant sous le point de rosée – popularisée au Canada lors des championnats nationaux de Dieppe en 2013
3) Le spécial Victoria – le coin trois qui n’a jamais vu le soleil
4) Quand l’eau tombe du toit – merci Burnaby
Les retards dus à la pluie peuvent susciter un spectre d’émotions allant de l’anxiété de ne pas savoir quand la course va recommencer au soulagement d’avoir quelques minutes supplémentaires pour vous concentrer. Ou est-ce des heures? Ou même des jours? Peut-être que l’événement sera annulé?
La confusion qui accompagne cette pause COVID-19 (une phrase charmante que mon enfant de 6 ans a inventée, car tout a commencé pendant les vacances de mars, et vers le début de mai s’est transformée en pause COVID-19) me rappelle d’un retard de pluie. Je n’ai pas vraiment de contrôle sur le retour à la vie normale. Je dois avoir confiance que les personnes chargées de prendre ces décisions choisiront de prioriser la sécurité des coureurs. Possiblement le plus grand défi de tous: je dois être à la fois détendue pour ne pas gaspiller mon énergie dans le moment présent, mais aussi être prête à réembarquer à 100 milles à l’heure à tout moment. Alors, comment équilibrer le fait d’être prête et détendue dans une situation qui est hors de mon contrôle? Comment tirer le meilleur de cette situation imprévue pour en ressortir plus forte lorsque nous retournerons à la compétition?
Comme la plupart des coureurs sur piste, l’expression «retard de pluie» évoque tellement de souvenirs pour moi, y compris l’anxiété au bas fond de mon ventre. Cependant, le souvenir le plus émouvant remonte à plus de 20 ans: les Championnats canadiens sur piste de 1999 à Calgary. Calgary n’est pas connue pour sa pluie – en fait, j’ai autant de souvenirs de neige en juillet que de pluie – mais ce week-end là nous avons eu quatre jours de pluie continue. Côté positif, nous avions une grande patinoire de hockey drainée, je dormais dans mon propre lit et je pouvais m’entraîner plus souvent que je ne peux compter. Tout le week-end était chaotique avec des événements organisés ici et là lorsque possible. Pour les femmes juniors, nous avions réussi à terminer la poursuite et le sprint au cours des quatre jours – en fait, cinq jours.
En tant que jeune athlète concentrée sur mes objectifs (et quelque peu émotive), ce championnat national a mis à l’épreuve ma force mentale (et sans aucun doute celle de mon entraîneur, Dan Proulx, et de mes parents). J’avais de gros objectifs pour le week-end et je voulais désespérément aller sur la piste et continuer à vivre le succès que j’avais ressenti la semaine précédente aux championnats nationaux sur route. Alors que nous progressions lentement dans les rondes de sprint, j’ai eu du mal à rester présente et à apprécier le processus. Cependant, malgré mes montagnes russes d’émotions, je me suis rendue en finale et le premier tour avait lieu le dimanche après-midi (veuillez noter que la compétition a commencé jeudi matin). Je suis entrée dans la course terrifiée à l’idée de perdre – c’était mon plus grand objectif pour la saison et qu’est-ce qui arriverait si je ne l’atteignais pas? Ma peur de l’échec était une prophétie auto-réalisatrice et ma course était tactiquement médiocre, donnant le premier tour à mon adversaire. Heureusement pour moi, la pluie est tombée une fois de plus et je n’ai pas eu à retourner sur la piste ce soir-là pour courir contre Lisa Howard (née Sweeney), qui dans les années suivantes deviendrait mon adversaire, ma colocataire, ma coéquipière et ma confidente.
Avec un peu de persuasion, les organisateurs ont décidé de terminer les manches de sprint le lundi. Je suis arrivée sur la piste ce matin-là avec une nouvelle détermination à apprécier le processus sous le soleil radieux. Au lieu de mettre l’accent sur l’échauffement, je me suis promenée sur la piste avec une coéquipière et j’ai profité du moment. Drôlement, je ne me souviens pas des deux manches disputées le lundi. J’étais calme et détendue et j’ai juste fait de mon mieux, ce qui était suffisant pour remporter (mon seul) maillot à feuille d’érable.
Alors, alors que je suis assise ici dans mon bureau à la maison, à écouter les enfants jouer dans le couloir (il semble que descendre les escaliers sur un matelas soit une expérience universelle?), à regarder le ciel bleu et le soleil brillant, je dois me rappeler les leçons que j’ai apprises cette fameuse journée.
- Je ne choisis pas le moment du retour à la normale, mais je peux choisir mes pensées et mon comportement en attendant. Contrôlez les contrôlables.
- Le fait de dévier de la façon dont j’ai imaginé quelque chose est effrayant et peut me déstabiliser. Je vais m’en sortir.
- Une pause peut être une bonne chose si je me détends et que j’utilise mon temps à bon escient.
- La vie recommencera et je dois avoir confiance que je vais savoir comment me débrouiller.
Donc, même si ce n’est certainement pas ma réponse à «où serez-vous dans 5 ans?», c’est l’occasion de ralentir, de faire le point et de vous réengager sur vos objectifs. Nous reviendrons à une sorte de normalité, et vos objectifs seront toujours là pour être atteints. Et peut-être que votre nouvelle approche se révélera être une force.