L’ENTRAÎNEMENT EN FORCE PEUT-IL INFLUENCER LA TECHNIQUE DE PÉDALAGE DES CYCLISTES?

Par Stephen McMullan, entraĂźneur de musculation et de conditionnement physique Ă  l’Institut canadien du sport de l’Ontario et avec le programme national canadien de cyclisme sur piste

Dans de nombreux sports, la technique est Ă©troitement liĂ©e Ă  la performance et le cyclisme n’y fait pas exception. L’amĂ©lioration de l’interaction entre le cycliste et son vĂ©lo joue un rĂŽle significatif et il existe plusieurs façons d’amĂ©liorer cette relation. L’habiletĂ© de pĂ©daler implique une extension et une flexion coordonnĂ©es des articulations de la hanche, du genou et de la cheville. Ces mouvements articulaires permettent une production de couple efficace pendant le coup de pĂ©dale afin de vaincre la rĂ©sistance du vĂ©lo. Le couple est le terme utilisĂ© pour dĂ©crire la force de rotation appliquĂ©e Ă  la pĂ©dale par le pied.

Le pĂ©dalage peut ĂȘtre dĂ©composĂ© en deux phases principales. Les 180 premiers degrĂ©s du coup de pĂ©dale sont connus comme la phase propulsive qui se produit de 12 heures Ă  6 heures de la manivelle, suivie par la phase de rĂ©cupĂ©ration qui est le deuxiĂšme 180 degrĂ©s du coup de pĂ©dale, qui se produit de 6 heures Ă  12 heures. Le couple maximal se produisant pendant la phase propulsive, cette action de poussĂ©e vers le bas est un domaine important pour les performances cyclistes.

Nous savons tous que l’entraĂźnement en force est une modalitĂ© largement utilisĂ©e par les cyclistes, mais la question demeure, quel effet l’entraĂźnement en force peut-il avoir sur la technique de pĂ©dalage? RØnnestad et ses collĂšgues du CollĂšge universitaire de Lillehammer en NorvĂšge ont effectuĂ© une Ă©tude de 25 semaines sur les effets de l’entraĂźnement combinĂ© de force et d’endurance. Une comparaison a Ă©tĂ© faite avec un groupe s’entraĂźnement uniquement en endurance. L’étude a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e pendant la basse saison et la prĂ©-saison du calendrier sur route Ă©lite.

L’entraĂźnement en endurance pour les deux groupes impliquait de passer du temps Ă  faire du vĂ©lo dans diffĂ©rentes zones de frĂ©quence cardiaque (FC) (60-100%FCmax). Il n’y avait pas de diffĂ©rence significative dans l’intensitĂ© et le volume d’entraĂźnement entre les groupes, bien que le groupe d’entraĂźnement d’endurance ait passĂ© un peu plus de temps dans les zones de FC infĂ©rieures (60-83%HRmax), Ă©quilibrant le volume d’entraĂźnement musculaire supplĂ©mentaire du groupe d’entraĂźnement combinĂ©. L’une des variables analysĂ©es comprenait l’angle de la manivelle oĂč le couple maximal se produit. MesurĂ© avant et aprĂšs le plan d’entraĂźnement de 25 semaines, l’angle de couple maximal a Ă©tĂ© enregistrĂ© pendant une pĂ©riode de 3 minutes lors de l’Ă©tablissement du profil sanguin d’acide lactique. L’intensitĂ© de cette pĂ©riode d’essai correspondait Ă  une puissance dĂ©veloppĂ©e moyenne de 4,3 watts par kilogramme de poids corporel. L’entraĂźnement combinĂ© en force et en endurance a considĂ©rablement amĂ©liorĂ© l’angle de couple maximal de 3,5%, ce qui indique que le couple maximal s’est produit plus tĂŽt [-3 degrĂ©s] dans le coup de pĂ©dale. En comparaison, aucun changement n’est survenu pour l’entraĂźnement uniquement en endurance.

RØnnestad et ses collĂšgues ont en outre dĂ©montrĂ© une relation entre les changements de l’angle de couple maximal et l’amĂ©lioration de la puissance dĂ©veloppĂ©e lors des performances au contre-la-montre. Ainsi, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que la production maximale de couple survenant plus tĂŽt lors du coup de pĂ©dale a considĂ©rablement influencĂ© l’augmentation de la puissance moyenne au cours d’un contre-la-montre de 40 minutes. Le groupe d’entraĂźnement combinĂ© a augmentĂ© sa force maximale de 20% en 25 semaines d’entraĂźnement. Tel que prĂ©vu, la force maximale du groupe d’endurance n’a pas changĂ©. La seule diffĂ©rence d’entraĂźnement significative entre les groupes Ă©tait l’inclusion de l’entraĂźnement en force, deux fois par semaine.

En l’absence d’exercices de pĂ©dalage spĂ©cifique au cyclisme, l’entraĂźnement en force peut influencer positivement la technique de pĂ©dalage. Des niveaux de force plus Ă©levĂ©s amĂ©liorent la vitesse Ă  laquelle le couple est appliquĂ© Ă  la pĂ©dale, rĂ©duisant le temps nĂ©cessaire pour atteindre le couple maximal requis pour maintenir une puissance moyenne Ă©levĂ©e. Ces adaptations de technique de pĂ©dalage mĂšnent Ă  une phase propulsive plus efficace et peuvent permettre au cycliste d’avoir un avantage au moment le plus important de la course.